Vinciane Despret est une philosophe belge, professeure à l’Université de Liège depuis peu à la retraite. Dans Au bonheur des morts (publié en 2015), Vinciane Despret enquête auprès des personnes qui continuent à entretenir des relations avec les morts. Ce qui l’intéresse, c’est d’observer comment les uns et les autres interagissent et se transforment, dans un contexte occidental où les morts n’ont pas ou très peu de place.
Voici les 10 grandes idées que je retiens de son enquête :
1. La mort comme anéantissement est une conception récente et dominatrice
2. Les vivants continuent à entretenir des relations avec les morts
4. Prendre au sérieux les relations entre les morts et les vivants
5. Les morts sont capables de faire agir les vivants
7. Pour exister, les morts ont besoin d'un «milieu» favorable
8. Penser et écrire à la voix moyenne pour bien parler des relations avec les morts
9. Les signes permettent de maintenir une ouverture, “un penser autrement possible”
10. Repenser la place des morts et le “travail du deuil” dans le monde occidental
1. La mort comme anéantissement est une conception récente et dominatrice
Quand les morts sont morts, ils n’existent pas sous d'autres formes que celle du souvenir dans la mémoire des vivants. Après la mort, c’est le néant. Cette vision "laïque et matérialiste" de la mort s'est imposée comme "conviction officielle" en Occident où elle est "devenue "la" conception dominante... dominatrice, dans la mesure où elle écrase les autres et leur laisse peu de place" (BM,12). "Elle élimine toute autre conception, considérée comme archaïque ou primitive, selon laquelle les morts continuent peut-être à vivre" 🔗. Cette vision conduit à l’injonction du travail de deuil qui exige de se détacher progressivement de la personne disparue, de couper les liens et d’accepter le fait que la personne n’existe plus.
Mais cette conception de la mort est minoritaire dans le monde, historiquement très située et récente : elle émerge au XIXe siècle en Occident sous l'influence du scientisme. Dans beaucoup de cultures à travers le monde et à de nombreuses époques, y compris en Occident, les morts sont bien davantage qu’un souvenir dans l’esprit des vivants.
2. Les vivants continuent à entretenir des relations avec les morts
C’est ce que Vinciane Despret observe dans son enquête : les vivants se révèlent très inventifs pour maintenir un lien avec des proches disparus : porter leurs chaussures pour qu’ils continuent à arpenter le monde, fêter leur anniversaire, cuisiner leur plat préféré…
Mais tout cela se passe très discrètement : “Les gens cherchent à faire de la place pour les morts, mais dans la sphère parfois plus intime qu'intime"🔗. Ils n'osent souvent pas en parler de peur de passer pour des zinzins. Ces personnes résistent à l'injonction du travail de deuil et permettent aux morts de continuer à vivre, mais d’une autre façon.
Dans sa série documentaire, Inès Berdugo cherche à “faire son deuil” et pourtant elle ne se résout pas à dire adieu à son père... “Est-ce qu’un jour, j’arrêterai de penser à mon père ? Est-ce que la vie va reprendre son cours, comme avant ?”. Elle comprend au fil de son enquête, avec l’aide d’autres personnes, qu’il ne s’agit pas de “passer à autre chose” ; au contraire, il s’agit d’honorer son “désir de mémoire” selon l’expression employée par Vinciane Despret : se rappeler des choses qu’il aimait, chanter sa chanson préférée (c’est le générique de la série ❤️) et partager tout cela dans un objet audiovisuel qui restera.
3. Les sciences humaines ont mal-traité le sujet des relations entre morts et vivants, elles sont du côté du désenchantement
Les chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) ont eu tendance à analyser ce qui mobilise les vivants à l'égard des morts sous l’angle de la croyance [1]. A la question Pourquoi les vivants développent-ils des relations avec les morts à telle époque ou à tel endroit ?, il s'agit en fait de comprendre pourquoi les vivants à telle époque ou à tel endroit sont plus enclins à croire à l’existence des morts. Quelles sont les causes sociales, culturelles ou psychiques à l’origine de ces croyances ? (BM,46-47)
En considérant ces relations comme le produit de croyances, “[les SHS] se situent immanquablement du côté de ce qu'on appelle le "désenchantement" pour expliquer la position considérée comme celle de l'"enchantement" (BM,46)”. La position de l’enchantement serait d’envisager que les morts puissent exister vraiment,, dans le réel, de façon autonome. Le désenchantement lui “ne laisse aux morts que deux destins possibles, tout aussi misérables : celui de non-existants, ou celui de fantasmes, croyances, d’hallucinations (BM,18-19)”.
Pour la philosophe (qui n’emploie jamais le mot de croyances 🔗), se contenter d’expliquer pourquoi les gens développent une diversité de pratiques et de relations avec les morts tout en n’y prêtant aucune attention (car si ce n’est que le produit de croyances, c’est donc sans intérêt) [2], c’est "mal-traiter" le sujet, c'est "ne pas prendre les êtres au sérieux", “ni les morts ni les vivants qui les soutiennent dans leur existence, qui leur parlent, qui les accueillent dans leurs rêves, qui leur écrivent, bref, qui apprennent à répondre à leurs sollicitations (BM,94)”.
4. Prendre au sérieux les relations entre les morts et les vivants
Prendre au sérieux ne veut pas dire prendre le contre-pied de la posture du désenchantement pour basculer dans celle de l’enchantement. Il ne s’agit pas de prouver que les morts existent vraiment, de façon objective et autonome.
Car il n’y a pas besoin de trancher pour explorer, décrire et analyser les relations que les vivants entretiennent avec les morts. Même les personnes concernées ne répondent pas à cette question : elles sont “toujours dans le régime du doute, de l’hésitation.. [elles] n’adhèrent pas à un simple système binaire “le mort existe vraiment” OU “ce n’est qu’un produit de mon imagination” (BM,47)”.
Ce qui importe pour Vinciane Despret dans son enquête, c’est d’observer ce qui se passe, sans jugement, de suivre ces êtres et de rendre compte “ce qu'ils se font faire les uns les autres, comment ils se transforment ensemble, comment ils s'affectent (BM,50)”. Autrement dit, Vinciane Despret propose de faire une éthologie des morts.
La philosophe pratique l’éthologie telle qu’elle a été définie par le philosophe Gilles Deleuze : l’éthologie est une science pratique des manières d'être, la science pratique des puissances, c'est-à-dire ce dont les êtres sont capables 🔗. Une science qui se fait donc nécessairement sur le terrain : Vinciane Despret enquête auprès des personnes qui continuent à entretenir des relations avec les morts pour étudier les manières d'être des morts et les manières de s'adresser à eux. Les manières d’être des morts, ce sont leurs puissances, autrement dit ce dont ils sont capables ou ce dont ils rendent les vivants capables[3].
5. Les morts sont capables de faire agir les vivants
Les morts sont capables de beaucoup de choses. Ils sont capables d’entrer dans la vie des vivants et surtout de mettre ces derniers au travail, de les faire (se) bouger et par là même de prendre soin d’eux.
Pour manifester leur présence, les morts “œuvrent selon des moyens limités et qui leur sont propres : rêves, apparitions, signes, objets laissés en héritage (BM,113)“. Ils peuvent aussi le faire par l’intermédiaire de médiums dans le cadre de dispositifs spirites dans lesquels les vivants communiquent avec leur mort. Face à leurs manifestations, les vivants se mettent alors à enquêter : Qu’attend-il ou qu’attend-elle de moi ? (MO,28)
Que disent les morts aux vivants dans leurs rêves ou à travers les médiums ? Il s’agit souvent d’une “extrême banalité” note Vinciane Despret, “ils donnent le plus souvent des encouragements ou des conseils : “Tu devrais un peu t’occuper de toi”; “des gens t’aiment et tu ne les crois pas”; “ tu dois avoir plus confiance en toi” (BM,166)” ou des avertissements, des mises en garde : “Tu ne dois pas vendre la maison”… Ils “ordonnent de reprendre le fil de la vie, parfois celui de la joie” (BM,113) ou de renouer des liens avec d’autres vivants (BM,117).
“Rien de plus banal aussi pour notre medium des années 2000 du petit écran : Melinda Gordon !
Les morts sont des “géographes” dit Vinciane Despret, ils font de la place, ils remettent en circulation ce qui était figé chez les vivants, ils dessinent de nouvelles routes(BM,20).
6. Nous sommes responsables de l’existence des morts… mais nous ne les inventons pas de toutes pièces non plus !
Les morts n’existent pas tous seuls. Leur existence s’inscrit dans une relation avec les vivants. Pour exister, “ils ont besoin de notre sollicitude 🔗”, c’est-à-dire de soins attentifs à travers des rituels. C’est grâce aux récits que nous composons à propos des morts, aux hommages, aux gestes que nous mettons en place (faire des choses que le défunt ne peut plus faire ou aurait aimé faire de son vivant par exemple) que les morts peuvent continuer à vivre d’une autre manière.
Les vivants prolongent l’existence des morts, ”ils offrent à leurs défunts ce supplément biographique qui leur permet d’agir sous d’autres formes (MO,18)”. Cette existence “ne sera ni celle du vivant qu'il était, elle aura d'autres qualités, ni celle d'un mort muet et inactif, totalement absent (BM,14)”.
“Si nous sommes bien sûr responsable de la manière dont ils vont persévérer dans l'existence, cela ne signifie en aucune façon que leur existence soit totalement déterminée par nous (BM,14)”. Nous “n’inventons pas les morts”, nous les “aidons à être ou à devenir ce qu'ils sont (BM,16)”.
Est-ce donc les vivants qui prolongent l’existence des morts ou les “défunts qui prolongent leur existence par la grâce de ceux qui entendent leur appel (MO,14)”? Est-ce qu'on convoque des morts ou est ce qu'on se laisse convoqué par eux ? C’est bien là que réside le mystère : il est impossible de déterminer ce qui précède. Ni les morts ni les vivants ne sont totalement actifs ou passifs.
Vinciane Despret emprunte au philosophe Etienne Souriau le verbe “instaurer” qui convient bien à ce délicat rapport de force. Le terme instaurer contrairement à celui de fabriquer ou créer “insiste sur le fait que mener un être à l'existence engage la responsabilité de celui qui instaure, à accueillir une demande [4] […] instaurer un être […] ne revient [donc] pas à "le tirer du néant (BM,16-16)".
C’est exactement ce principe qui structure l’intrigue du film Coco (sorti en 2017) : les morts n’existent que si l’on pense à eux.. mais ils comptent sur les vivants pour se souvenir d’eux !
Pour que les morts puissent rejoindre temporairement le monde des vivants pour les célébrations du Día de los Muertos, ces derniers installent des autels commémoratifs et des bougies à l’entrée des maisons pour “guider les morts dans leurs déplacements et pour qu’ils aient la certitude qu’ils seront bien accueillis [5] ”.
Mais là aussi le désir de se souvenir et d’être souvenu “tiennent ensemble” (BM,32) :
C’est le cas d’un défunt de la famille, l’arrière-arrière grand-père Héctor : mis au banc de la famille par erreur, privé de photo sur l’ofrenda, il ne peut pas rejoindre le monde des vivants pour revoir sa fille, l’arrière-grand mère Coco… Pire si cette dernière finit par l’oublier, Héctor disparaitra définitivement : “When there’s no one left in the living world who remembers you, you disappear from this world. We call it the final death”. S’engage alors une course contre la montre (et une réconciliation familiale 🥲) pour qu’il puisse enfin emprunter le chemin entre le monde des morts et celui des vivants, avant que Coco ne l’oublie définitivement…
7. Pour exister, les morts ont besoin d'un «milieu» favorable
Pour exister, les morts ont besoin d’attention, de gestes, de rituels mais également d’”un milieu sinon propice ou accueillant, du moins pas trop hostile (BM,19)”.
Vinciane Despret juge notre milieu en Occident peu favorable à l’existence des morts. Mais ça n’a pas toujours été le cas. A l’époque médiévale, par exemple, l’existence des morts et des fantômes est reconnue et même encouragée par les clercs religieux car “ils permettent de rappeler aux vivants leur mort prochaine et la nécessité de bien se comporter, d’être pieux [6] ” explique l’anthropologue Grégory Delaplace.
Si notre milieu est devenu aujourd’hui moins favorable, c’est aussi, selon Vinciane Despret, en raison des héritages de la révolution industrielle et du développement technologique concomitant. La généralisation de l’éclairage dans nos maisons a supprimé les zones d’ombres d’où certaines présences pouvaient apparaître (BM,62).
Dans des milieux défavorables, il s’agit alors d’autant plus de cultiver une posture attentive, d’apprendre à se rendre disponible à différentes présences ou manifestations.
Les nouveaux rythmes de travail ont également modifié notre façon de dormir et de rêver. Dormir huit heures d’affilée n’a en effet rien de naturel : avant l’époque industrielle, le sommeil était divisé en deux. En plein milieu de la nuit, pendant une heure ou deux, les habitants de l’Europe Occidentale vaquaient à diverses occupations avant de retourner se coucher. Certains en profitaient pour méditer collectivement au contenu des rêves apparus lors de ce “premier sommeil” [7]. “L’anthropologue Tanya Luhrmann suggère que cette façon d’organiser la veille et le sommeil, les rêves et leur éventuel partage, pouvait avoir une influence sur la manière dont les gens font l’expérience du spirituel et de ce qu’on appelle le surnaturel (BM,63).” Sans cet intermède réflexif, les manifestations de certains morts se seraient peut-être alors perdues dans les méandres du sommeil…
8. Penser et écrire à la voix moyenne pour bien parler des relations avec les morts
Pour rendre compte et décrire les relations entre les vivants et les morts, Vinciane Despret opte pour la voix moyenne, un mode linguistique qu’elle juge le plus adapté pour parler de ce type de relations.
La voix moyenne est une structure grammaticale chez les Grecs anciens qui n’existe plus dans la plupart des langues dont le français. Nous n’avons que la voix active et la voix passive. Par exemple, “je gratte mon cou” est à la voix active, “mon cou est gratté” est à la voix passive. La voix moyenne est une voix intermédiaire que l’on utilise lorsque l’”on veut signifier qu’on a des doutes quant à l’origine de l’action 🔗”. “Un chatouillement me fait gratter” pour reprendre l’exemple est à la voix moyenne.
Les personnes prises dans ces relations qui témoignent utilisent elles aussi la voix moyenne, par exemple “Une présence m'interpelle”, “je suis convoqué par quelque chose de plus grand que moi”.
9. Les signes permettent de maintenir une ouverture, “un penser autrement possible”
Parmi les différents modes de manifestation des morts, les signes sont souvent accusés “d'être de simples produits de la subjectivité” : “[ils] ne disent que ce que vous voulez leur faire dire…Vous croyez être le destinataire, vous êtes l'envoyeur”. Mais “aucun de ceux qui accueillent ces signes n'est aveugle à l'égard de cette possibilité. Bien au contraire. L'accueil du signe se fait dans le régime des "peut être", du doute (BM,151)”. Dans leur récit, cela se traduit par des formules comme "je ne peux m'empêcher de penser que.." ou “c’est comme si..”, c’est comme s’il était là, c’est comme s’il me parlait..
L’autrice et journaliste Claire Richard a perdu son père à vingt ans. Quinze ans plus tard, elle se rend compte que son travail de deuil n’a pas fonctionné. L’émotion, le manque sont toujours présents. Elle essaye alors de faire autrement.
Au cours de son enquête, elle rencontre plusieurs personnes qui tissent un lien actif avec leurs morts. Sous le conseil de l’une d’entre elles, elle choisit un signe, le geai. Elle le dit elle-même : elle ne croit pas vraiment aux esprits, mais la voilà pourtant “saisie” quand trois magnifiques geais se posent sur un arbre à côté d’elle quand elle pense à son père lors d’un voyage à Rennes dans le cadre de cette enquête..
Dans son livre, Vinciane Despret décrit le cas d’une sage-femme prénommée Heidi, qui réalise des funérailles à domicile aux Etats-Unis. Elle tentait en vain de fermer la bouche d’un mort, tout juste décédé suite à une détresse respiratoire, avec l’aide de sa veuve. Impossible. Elles quittent la pièce puis reviennent. Non seulement le mort a la bouche fermée mais il sourit ! Les deux femmes perçoivent cela comme un signe de la part du mari. Il ne souffre plus et est en paix. Communication surnaturelle ou mouvement naturel des muscles ? Heidi ne tranche pas mais fait coexister les deux versions : ce n’est pas parce qu’un signe peut être expliqué par la science qu’il n’est pas aussi une manifestation d’un défunt (BM, 139). L’une n’empêche pas l’autre.
10. Repenser la place des morts et le “travail du deuil” dans le monde occidental
L’enquête de Vinciane Despret montre que “ceux qui apprennent à entretenir des rapports avec leurs morts assument donc bien un travail - un travail qui n’a rien à avoir avec le travail du deuil : il s’agit de créer, activement, une continuité possible pour les relations, et non pas de désinvestir les liens (BM,42-43)”.
Mais le travail du deuil tel que décrit par la philosophe lors de la publication de l’ouvrage il y a dix ans a évolué depuis. Vinciane Despret le reconnaît : les vivants ne sont plus sommés d’oublier activement les morts et de “passer à autre chose”. Les psychologues intègrent de plus en plus dans leur accompagnement l’approche des “liens continus” (continuing bonds), qui consiste à maintenir la relation avec les proches disparus pour sa valeur réconfortante. “Certains thérapeutes proposent même à leurs patients de recourir à l'hypnose pour revoir la personne disparue, créer un rendez-vous pour parler une dernière fois ou reprendre contact : ce sont des thérapies intéressantes 🔗”.
L’anthropologue français Grégory Delaplace remarque lui aussi cette reconfiguration de la place des morts dans notre société à travers l’évolution des rituels funéraires (avec la diffusion de l’incinération, la tombe au cimetière, à l’extérieur de la ville, séparée des vivants, n’est plus la seule option). Il observe chez les vivants une certaine incertitude voire insatisfaction sur la façon dont on traite nos morts. Le Covid et les cérémonies funéraires expéditives sur Zoom étant passées par là… Les vivants sont plus soucieux du devenir de leurs morts et désirent leur donner une autre place, une place parfois plus proche d’eux.
Les rituels funéraires sont très souvent délégués à des tiers (aux entreprises de pompes funèbres), quitte à subir des prestations jugées parfois trop froides, techniques et expéditives. Pour se réapproprier la mort et les rituels qui l’entourent, des accompagnantes funéraires indépendantes proposent un accompagnement plus personnalisé, plus respectueux des corps, de l’intimité de la famille, des liens entre les vivants et les défunts. Le soin et l’écoute sont au coeur de cette approche qui propose aussi aux vivants de se réapproprier les gestes de soin (toilette mortuaire, veillée à domicile, cérémonies...) auprès de leurs défunts.
Et c’est là sans doute l’apprentissage clé de cette enquête :
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Notes
BM = Vinciane Despret, Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, La Découverte Poche, 2017.
MO = Vinciane Despret, Les morts à l’oeuvre, La Découverte, 2023.
[1] Cette posture s’explique selon Vinciane Despret par l’influence du rationalisme et la volonté des SHS d’être aussi “sérieuses” que les sciences de la nature.
[2] Tous les chercheurs ne sont pas à mettre dans le même panier, il y a des exceptions dtit Vinciane Despret dont elle s’inspire pour mener son enquête : voir Elisabeth Claverie avec les pèlerins, Jeanne Favret-Sadaa avec les désorceleurs, Christine Bergé avec les spirites, Jérémy Damian avec les danseurs, Jean Marie Lemaire avec les concertants, Bruno Latour avec les faitiches, Magali Molinié avec les morts féconds, Tobie Nathan avec les rêveurs, Heonik Kwon avec les fantômes.
[3] Vinciane Despret parle alors d’une éthologie d’interdépendance.
[4] Selon Souriau, l’artiste “n’est jamais le seul créateur, il est “l’instaurateur d’une oeuvre qui vient à lui mais qui, sans lui, ne procéderait jamais vers l’existence” (Bruno Latour, Sur un livre d’Étienne Souriau : les différents modes d’existence, 2009 cité par V. Despret, Au bonheur des morts, op. cit., p. 16-18).
[5] Juliette Cazes, Funèbre ! Tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde, Editions du Trésor, 2020, p. 69.
[6] Grégory Delaplace, La voix des fantômes, Seuil, 2024, p. 40.
[7] Roger Ekirch, La grande transformation du sommeil, Amsterdam, 2021, p. 23.